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[una notte à Bruggia]

Et la nuit abyssale
en petits degrés de confusion
DEMEURE
Entre tes joues d’oiseau infernal de miroir à la fissure oblique
Une bouffée ardente blottit contre ma peau / celle de tout le monde
Soudain il se tait
(le silence)
Des adieux pliés au hasard
Et une ondine lumineuse traverse le temps
Et puis revient
sous une trigonométrie de papillon étrange
La séquence interminable
Nombres
au verbe parallèle
Nombres au sexe pointu
Nombres bariolés / dés d’incertitude
et un Cercle
s’égouttant
les genoux liquides s’égouttant
Comme le plus crâne des déluges
Toujours devant la plaine liquide,
u n e p r é s e n c e

Un labyrinthe
en velours
Une fusion de siècles
l’altérité des fréquences
Des échos tout au long d’un autre corps
Un corps tout nu /// un autre corps
plus complexe plus nocif
d’une réalité écrasante et belle
voire, un corps tout nu…
I n c e s s a m m e n t,
j’irai vers la fin méridionale à la dernière ondulation des transparences

Un tropisme
Qui tombe lentement de vertige en vertige
En ouvrant son ventre tout rempli de frémissements
Dans la voix d’une chimère plus lourde quasi irrémédiable
Dans ce domaine des instants sauvages qui heurtent le regard
Un toujours qui parfois revient
Au jamais qui toutefois n’arrive
Et voilà les règnes égarés ─c’est l’époque siamoise─
Les ombres détruisent nos pieds
Nos traces se perdent dans une grande mâchoire aphasique

La collision c’est de l’un à l’autre / à l’envers c’est plutôt de l’Amertume
Et le Paradis est pâle
Le hurlement des cœurs percés par l’aiguille du temps et du lointain
Sous la fleur des éclats (le rêve) noueux le mystère onirique de l’eau
Au milieu des soupirs aquatiques
comme un bourgeon une larme
un coup de femme qui vacille devant la porte
Des cieux qui fondent les stylobates de l’Autre Ciel
Un voler dans l’air brusque vers le minuit et tous les matins du monde
La lumière relevée des êtres dissimulés au creux de l’éternel

Quelque part ex nihilo les planètes ont surgi
comme des petites boules de fragmentation

Quelle douceur
celle qui tombe du néant neige prosaïque une structure défaite par le chaos
Des saturnismes glissent tout au long de mon crâne
L’archétype de la nature pivote subtilement rejoint la lumière
genèse le contrebalance des équilibres distants hors des autres
Les dés dans l’air avec ses pieds fanés
Jamais n’arrivent à toucher le sol cet enfer cette vielle orchidée
Des nombres suspendus dans un univers où le hasard fleurit la connaissance des occases
dont ma langue est maître // ta bouche s’approche de moi comme aimantée
cet appel que l’on nomme la langue des amants

Puis les systèmes de larmes sursautées un dé toujours dans l’air
perdu parmi les îles du Temps
Les mots et les choses à la nature constamment truquée
La géométrie n’est qu’une imagination l’arrivée au port de l’oubli au port du fracas

Nulle pensée
est réelle suprême
nulle pensée n’est valable que si elle repose sur toi,
sur ces beaux yeux qui frettolosi
coulent vers mon cœur comme l’eau de la Reie

Paru en septembre 2018 dans le numéro 88 de la revue Traversées, Province de Luxembourg, Belgique.